La Seine-Saint-Denis a été durement frappée par l’épidémie de coronavirus : Audrey Mariette et Laure Pitti présentent une analyse de l’épidémie à l’échelle de ce département et montrent ses incidences sur les inégalités territoriales de santé.
Salle d’attente d’un hôpital de Seine-Saint-Denis, juin 2020 © DR
Dès le début du confinement, le 17 mars, plusieurs médias ont rendu compte des inégalités sociales face à la crise sanitaire que nous traversons [1] et des difficultés quotidiennes plus grandes auxquelles doivent faire face les habitant·es des quartiers populaires. Dans son discours du 13 avril, Emmanuel Macron lui-même mentionnait les inégalités scolaires et de logement pour borner l’horizon temporel des mesures de confinement. Début avril, dans le sillage de la publication des chiffres actualisés de morts du Covid-19 par Santé publique France et l’Insee, une salve d’articles faisait état de niveaux de surmortalité « inquiétants » en Seine-Saint-Denis au regard notamment des autres départements d’Île-de-France. Pourtant, les inégalités sociales et spatiales de santé sont restées absentes du discours présidentiel. Plus largement, elles restent peu appréhendées dans cette crise, y compris dans les entretiens ou tribunes que des chercheur·es en sciences sociales lui ont consacré en lien avec la question des inégalités. Celle-ci est plus souvent saisie sous l’angle économique, du genre et, dans une moindre mesure, ethno-racial. Or, en matière de santé, ces dimensions s’imbriquent et se cumulent.